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DE LA TAILLE DES VÉGÉTAUX LIGNEUX D' ORNEMENT par Christian LEMARQUIER, Enseignant de la Formation Professionnelle Agricole.
Dans la nature, les arbres et arbustes se passent de taille. Dans les jardins, s' il est un peu question de formation, la taille est plus souvent connexe à des besoins( ou plutôt des contraintes) que nous ressentons vis à vis des plantes: perte des feuilles en automne, chute des fruits du mûrier, ombre portée dans le jardin..."Comme on plante, on taille!". Pour éviter les désagréments, il faut planter des végétaux vraiment adaptés à nos exigences:de taille maximale, de nettoyage du jardin, d' espace disponible...Cela éviterait les:" coupes sombres et drastiques" qui, à terme, diminuent la longévité (pour ne pas dire: tuent) nos plantes...
* Chaque rameau d' un an est terminé par son (ou ses) bourgeon terminal. Celui-ci conditionne le développement des bourgeons axillaires. Si on le laisse en place, il absorbe le flux de sève( = pas de ramification). Par contre, si on le coupe, les bourgeons axillaires (et parfois) adventifs s' en donneront:" à coeur joie", provoquant des ramifications nombreuses. * Chaque rameau est un tire-sève pour son porteur. Il participe à une meilleure circulation de la sève brute, absorbée par les racines pour être transformée par la chlorophylle des feuilles en matière carbonée ( photosynthèse). De plus, par sa présence, il participe au développement en diamètre de son porteur. De fait, les tailles qui suppriment les tire-sève en grande quantité (voir en totalité) sont à proscrire. * La zone de:"fabrique" des tissus transporteurs de sève se nomme :"cambium" ( c' est un méristème* secondaire chargé du développement des tiges ligneuses). C' est donc lui qui permettra la fabrication d' un bourrelet de cicatrisation si la taille est bien orientée ( à peu près perpendiculairement à l' axe de la branche à couper, à partir de la ride de l' écorce). Les anciens appelaient cela:" la taille à l' écu". Ce bourrelet, en se renfermant année après année empêchera les parasites de pénétrer dans le bois. (*Méristème: tissu végétal formé de cellules indifférenciées, siège de divisions rapides et nombreuses). * La photosynthèse est la fonction vitale qui distingue les végétaux chlorophylliens des animaux. Grâce à elle, les végétaux sont capables d' élaborer leurs propres substances carbonées. Toutefois, comme toute fonction, elle a ses limites. Ainsi, chaque feuille possède un potentiel de transformation qu' elle ne peut dépasser. C' est la raison pour laquelle les arbres possèdent des feuilles aussi à l' intérieur de la ramure. Les tailles en gobelet perturbent donc grandement la fonction de photosynthèse car elles favorisent la:"saturation photosynthétique" des feuilles restantes. De plus, l' écorce des enfourchures étant moins protégée des rayons du soleil, cela favorise des blessures par brûlure.
En prenant en compte les lignes précédentes, pour des arbres ou arbustes déjà formés (taille d' entretien), on s' appliquera à: * Pratiquer des tailles sur tire-sève: ce dernier doit être suffisamment développé pour absorber le flux de sève. Son diamètre doit être au moins 1/3 de celui de son porteur. On ne taille pas le bourgeon terminal si on veut éviter le ramifications de la ramure. En revanche, on taillera les bourgeons terminaux dès que l' on voudra éviter l' allongement d' un ou plusieurs organes. * Tailler au fur et à mesure de la croissance, en appliquant: " un plan de taille des végétaux". (Quand on plante, on doit définir le port et la forme définitive des végétaux). On évitera ainsi des tailles sur gros diamètre beaucoup plus longues à cicatriser. * Afin de favoriser la bonne circulation de sève brute, on ne supprime pas tous les tire-sève et on évite: " d' éplucher" une branche sur plus du tiers de sa longueur. * Pour éviter de:" creuser " un végétal en gobelet, il faut répartir les opérations de taille sur le pourtour de la plante. Ainsi, elle sera équilibrée et pourra utiliser ses feuilles internes pour optimiser la photosynthèse. * La plante développe son système racinaire en même temps que son système aérien. Pour éviter de perturber ce si merveilleux équilibre, il ne faut pas supprimer plus du tiers du volume initial de la plante. Sinon, le flux de sève sera plus important que ce que la ramure peut absorber d' où une émission de rameaux dans tous les sens.
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